Un article de la Fondation Jean-Jaurès sur le rôle de gauche française face à l’immigration

Le 24 janvier dernier, Bassem Asseh, adjoint du maire de Nantes, et le militant socialiste Daniel Szeftel, ont publié un volumineux article sur le site de la Fondation Jean-Jaurès, intitulé : « La gauche et l’immigration. Retour historique, perspectives stratégiques« , brisant un tabou et offrant une rétrospective sur ce sujet sensible. De ce long texte il apparaît que sur la question migratoire, la gauche française de tradition socialiste (« socialiste » au sens où la défense des prolétaires était considérée comme primordiale), se positionnait clairement pour un contrôle et une régulation des flux migratoires, trop consciente de la théorie de Karl Marx sur « l’armée industrielle de réserve », approuvée par des témoignages comme ceux de l’écrivain Emile Zola qui rapportait que la main d’oeuvre étrangère permettait de briser les grèves ou encore une certaine proposition de « socialisme douanier » de Jean Jaurès lui-même. Il semblerait que les grands syndicats étaient les premiers à critiquer le patronat sur la concurrence que l’immigration pouvait faire peser sur le marché du travail.

Cette position restait toutefois à des années-lumières de la rhétorique identitaire de l’extrême-droite, cette dernière s’appropriant ce thème à partir des années 1980, alors qu’au même moment le PS s’embourgeoisait par l’exercice du pouvoir et que la gauche intellectuelle devenait progressivement sans-frontiériste et multiculturaliste! Une véritable amnésie a été organisée depuis, au point que le discours tenu par le dirigeant communiste Georges Marchais en 1980-1981 est devenu totalement inaudible à tout militant de gauche actuel. A en croire certains, toute volonté de limiter l’immigration est devenue nauséabonde et raciste…

Le contenu n’a pas grand chose d’étonnant pour les passionnés d’histoire politique qui ont déjà creusé la question, mais il reste une surprise agréable quand on sait que le site internet en question représente un monument de la bien-pensance de gauche. La prise de conscience de l’évasion du vote ouvrier en faveur de l’extrême-droite est-elle devenue inévitable?

A propos Ludovic

Passionné d'histoire contemporaine, militaire et géopolitique, je chronique essentiellement sur ces sujets.
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