J’ai lu « Ravage » de René Barjavel

A priori un roman publié sous le régime de Vichy (1943) à la réputation de délivrer un message pétainiste ne donne pas envie. Toutefois Ravage vaut la lecture : il s’agit d’une dystopie narrant la fin brutale d’une civilisation futuriste. L’adaptation en bande dessinée (trois tomes) aux forts relents de Mad Max m’avait intrigué, aussi je me suis penché sur l’oeuvre originale. J’ai découvert une histoire très intéressante, par ailleurs plus apocalyptique que post-apocalyptique (seule la dernière partie, très maigre au demeurant, peut être qualifiée comme telle).

Une intrigue secondaire était étonnamment absente de la BD, rappelant quelque peu le scénario des Black Panther de la franchise Marvel : un empire sud-américain, suréquipé et surarmé, dirigé par un empereur noir, déclarant la guerre à l’Amérique du Nord car voulant se venger de l’Homme Blanc… Trop politiquement incorrect pour pouvoir être montré aujourd’hui sans doute. Pour ces quelques pages je ne saurais dire si la morale était raciste ou antiraciste tant la description était ambigüe.

Sur le reste, le livre donne à réfléchir sur notre dépendance à la technologie, nous rendant extrêmement vulnérables en cas de coupure d’électricité. A ce titre il est plus que pertinent vu l’évolution que la société a connue depuis plusieurs décennies. Le souci est que la conclusion que l’écrivain en tire est tellement réactionnaire et machiste qu’il donnerait presque raison aux féministes hystériques d’aujourd’hui, dans la mesure où il réhabilite le patriarcat le plus rétrograde. C’est bien simple : dans le dernier chapitre je ne savais pas vraiment si l’auteur avait mis par écrit ses véritables idées ou s’il avait voulu plutôt s’auto-caricaturer, histoire qu’on ne prenne pas vraiment au sérieux son récit (à moins qu’il souhaitait avertir ses lecteurs d’un futur détestable mais possible en cas de catastrophe?). 

C’est d’autant plus regrettable que, dans l’ensemble, René Barjavel avait visé juste, s’inspirant alors très largement des horreurs de la Seconde guerre mondiale, en tant que témoin d’époque.

A propos Ludovic

Passionné d'histoire contemporaine, militaire et géopolitique, je chronique essentiellement sur ces sujets.
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