[Parenthèse] La guerre actuelle en Ukraine au regard de la guerre civile russe (1917-1921)

Je viens de terminer le livre de l’historien Antony Beevor Russie :  Révolution et Guerre civile (1917-1921). J’aurai l’occasion d’y revenir, mais ces évènements terribles datant maintenant de plus d’un siècle font terriblement écho à la situation géopolitique actuelle :

-nous avons d’un côté la Russie de Vladimir Poutine reprenant le rôle des bolchéviques d’alors : une dictature détestée par l’Occident mais qui se maintient et utilise son « soft power » pour engranger de la popularité dans le reste du monde, se posant comme un partenaire plus intéressant ;

-de l’autre nous avons l’Ukraine jouant le rôle des Russes blancs, incarnant le grand espoir des Occidentaux dans la défense de leurs valeurs (pseudo) démocratiques.

Chaque belligérant, comme maintenant, employait la conscription, connaissait une masse de désertions dans ses rangs ainsi qu’une corruption endémique.

Parallèlement un glacis d’Etats pro-occidentaux s’était alors formé à la frontière de la Russie : Finlande, Etats baltes et Pologne, tous à l’époque fraîchement indépendants et chez qui la révolution bolchévique avait échoué en raison des sentiments patriotiques sous-estimés par les forces communistes ; aujourd’hui tous membres de l’OTAN.

Ce qui fait le plus réfléchir à l’issue de cette lecture, c’est la débâche des puissances occidentales de l’époque, pourtant victorieuses de l’Allemagne à l’issue de la Grande guerre : Royaume-Uni, France, Etats-Unis et quelques autres nations alliées, qui avaient envoyé des troupes au sol pour appuyer les Russes blancs, avant de devoir se retirer devant l’impasse. Que les meilleures armées du monde aient été incapables de défaire une Russie qui venait en 1917 de se décomposer, dont le régime en place à Moscou s’était très vite fait détester par la population (mais qui détestait encore plus les armées blanches, associées à l’Ancien régime honni) et ne possédait comme force militaire qu’une Armée rouge naissante, inexpérimentée et clochardisée, cela devrait faire réfléchir nos gouvernements et les journalistes aujourd’hui favorables à une intervention directe : la nature même de la puissance et de la mentalité russe semble être incomprise.

Très ironiquement, l’échec français avait eu lieu en 1919… en Ukraine! Et la défaite finale des Russes blancs, en novembre 2020, se déroula en Crimée!

Preuve que la mémoire historique peut des fois être bien courte…


Carte tirée du magazine L’Histoire. Malgré les différences de contexte, à comparer avec la situation actuelle…

Article mis à jour le 01/07/2024

A propos Ludovic

Passionné d'histoire contemporaine, militaire et géopolitique, je chronique essentiellement sur ces sujets.
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