[Actualités] Références historiques et registre émotionnel dans le débat politique d’aujourd’hui

A mon grand étonnement les statistiques de ce blog restent toujours inchangées quant aux visites : les recensions de livres ou de films n’intéressent personne ou presque, mais les articles épinglant les citations choquantes, racistes ou antisémites… souvent fausses ou tronquées, de telle ou telle personnalité (du président algérien Houari Boumediene au Général de Gaulle en passant par Léon Blum) voient leurs nombres de vues exploser. Les mystères du référencement Google sans doute ; aussi il m’a paru judicieux de créer une nouvelle catégorie d’articles pour les regrouper : « Citations controversées ou apocryphes ».

Même si j’aurais souhaité que les autres catégories aient autant de succès, je me dis au moins qu’un certain nombre d’internautes se posent des questions et font des recherches, ne croyant pas sur parole ce que disent certains, se questionnant sur les sources. C’est le grand problème de la « circulation circulaire de l’information », où de fausses nouvelles se propagent sans jamais que leur véracité soit mise en doute. Même Wikipédia ne fait pas exception dans ce type de dérives (à un moment la page de Houari Boumediene renvoyait même sur mon blog sur sa fausse citation, alors que moi-même je m’étais inspiré de l’onglet « Discussions » de cette même page pour écrire mon article!).



Venons en maintenant à l’actualité politique chargée et pour le moins surprenante, je ne pensais pas que notre chef d’Etat oserait la dissolution de l’Assemblée nationale dans un contexte aussi tendu. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur les aberrations de la Ve République et sur les manières de les corriger et d’améliorer la constitution (supprimer l’élection présidentielle, instaurer la proportionnelle pour les législatives, instaurer des mécanismes de démocratie semi-directe pour que les électeurs puissent se prononcer sur toutes les grandes lois etc.) donc je ne reviendrai pas dessus.

Ce qui est particulièrement affligeant, c’est le Reductio ad Hitlerum toujours omniprésent dans les discours politiques, la Seconde guerre mondiale restant l’alpha et l’omega de toutes les références historiques, incarnant la lutte du bien contre le mal. Déjà largement employé par les différents belligérants de la guerre russo-ukrainienne et du conflit israélo-palestinien, je ne peux que déplorer que les politiciens et journaleux de l’Hexagone fassent de même, persistant dans ce type de manipulation grotesque.

Nous avons d’une part une gauche ressortant en permanence sa rhétorique « antifasciste », devenue pour le moins anachronique (je l’avais déjà signalé avec l’élection de Giorgia Meloni en 2022) alors que nous sommes plus d’un siècle après la marche sur Rome de Mussolini (1922), elle-même s’inscrivant dans un contexte post-première guerre mondiale, dans une nation exsangue ayant vécu la mort de masse, avec des millions de vétérans traumatisés et frustrés de leur « victoire mutilée », une grave crise économique et politique, une absence de véritable expérience démocratique (le suffrage universel était alors tout récent) et pour couronner le tout une situation internationale explosive avec la Révolution bolchévique (je recenserai bientôt un livre sur le sujet). Autant dire que l’Europe est aujourd’hui loin de cet état d’esprit (la moindre perte militaire est vécue comme une tragédie nationale tant l’opinion publique est devenue sensible…).

J’ai énormément de choses à reprocher au Rassemblement National – ce n’est tout simplement pas mon bord, malgré tout ce que j’ai pu écrire. Mais je ne l’accuserai jamais de fascisme.

Le problème de la gauche française est plus profond, j’ai souvent constaté que le débat était impossible avec les militants sur des sujets comme l’immigration et l’insécurité. Ils ne se rendent pas compte qu’ils perdent ainsi toute crédibilité dans les classes populaires. Quiconque veut s’y essayer voit l’anathème jeté sur lui (Georges Kuzmanovic en avait fait les frais), avec le degré zéro de l’argumentation…


 

Pour autant il ne faut pas croire que le terrorisme intellectuel se limite à ce camp. Je l’ai bien vu en politique internationale dans la presse conservatrice, pour qui toute critique de la politique israélienne ou de l’idéologie sioniste relevait de l’antisémitisme. Rien de nouveau sous le soleil : Pascal Boniface l’avait éprouvé au début des années 2000. Même mauvaise foi, même médiocrité intellectuelle, même procès d’intention que leurs adversaires gauchistes. Plus globalement, j’ai pu constater qu’il y avait une véritable mémoire de poisson rouge dans ces mêmes médias vis-à-vis du conflit en Palestine : le cycle terrorisme-représailles existe depuis un siècle, depuis les débuts de la présence de l’Empire colonial britannique (1920).

Il y a pourtant des faits simples à énoncer : un Etat occupant, un peuple occupé ; une violation du droit international éhontée par l’un, une absence de reconnaissance pour l’autre.

J’ai énormément de choses à reprocher à La France Insoumise (entre wokisme et clientélisme communautariste, démagogie sociale avec un programme économique impossible à tenir, état d’esprit de « bisounours » sur l’immigration…), mais je ne l’accuserai certainement pas d’antisémitisme.


Les sujets sont à vrai dire innombrables où les mensonges se mêlent à la manipulation – la bêtise est largement partagée. Ils me confortent dans l’idée que la philosophe Simone Weil avait raison!

Quel que soit le résultat, j’espère une participation massive aux prochaines élections législatives. Mais surtout, à terme, un changement constitutionnel majeur!

A propos Ludovic

Passionné d'histoire contemporaine, militaire et géopolitique, je chronique essentiellement sur ces sujets.
Cet article a été publié dans Actualités et politique, Citations controversées ou apocryphes, Conflit israélo-arabe, Histoire - Autres, Histoire de France, Immigration, Seconde guerre mondiale. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

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