Puisqu’il est à la mode de dénoncer les « fake news » – un discours de journaliste assez risible vu le nombre de fausses informations relayées par les grands médias et la classe politique – il y en a une qui m’est venue en tête : celle selon laquelle l’ancien dirigeant communiste Georges Marchais ait fait preuve d’un antisémitisme scandaleux quand il critiquait le leader étudiant Daniel Cohn-Bendit. Cela avait eu pour conséquence la propagation de plusieurs slogans de solidarité, dont l’un était « Nous sommes tous des Juifs allemands« .
Le problème, c’est que si effectivement Georges Marchais s’est livré à une critique féroce contre les mouvements étudiants précurseurs de mai 1968 et de leur chef de file qu’il qualifiait « d’anarchiste allemand » (ce qu’il était, vu qu’il était membre de la Fédération anarchiste et avait la nationalité allemande), à aucun moment le dirigeant du PCF ne faisait allusion aux origines juives de Daniel Cohn-Bendit. Le texte en question, l’éditorial de l’Humanité du 3 mai 1968, est facilement retrouvable.
Si la posture idéologique du PCF fut évidemment critiquable sur nombre de ses aspects, le sous-entendu antisémite aurait été extrêmement étonnant venant de la part d’un parti qui a compté nombre de militants et sympathisants de cette origine… Hélas cette manipulation grossière a eu beaucoup de succès, permettant de victimiser le soixante-huitard. Je me rappelle encore d’un de ses passages à la télévision, plusieurs décennies après les évènements, où il traitait le secrétaire général du PCF « d’ordure ».
On relèvera que Cohn-Bendit est l’archétype de l’ancien gauchiste devenu libéral en économie et atlantiste en politique étrangère. Son ralliement au macronisme est tout un symbole…
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